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Il y a 6 ans, jour pour jour, j’ai commencé un blog et je ne l’ai jamais vraiment partagé, peut-être par timidité, ou par pudeur, ou encore par peur. C’était sûrement un peu à cause des trois !

Mais je réalise aujourd’hui que c’est avant tout la peur, d’une manière générale, qui nous contrôle et nous empêche d’agir. La peur d’être jugés, pas seulement par les autres, mais aussi par nous-mêmes. Nous évoluons dans un monde où les réseaux sociaux nous immergent dans un paraître et un faire-valoir permanents qui peuvent créer un certain mal-être et engendrer une multitude de peurs.

Je ne suis pas de celles qui aiment s’épancher sur les réseaux sociaux, alors “pourquoi vouloir raconter sa vie” à travers ce blog ? “Quelle est ta cible”, me demande-t-on ? “Il faut que tu sois spécifique”, “que veux-tu exactement communiquer" ? Je ne sais pas. J’ai juste envie. J’aime tout simplement écrire, ça me fait du bien. Alors pourquoi ne pas laisser tout cela dans mon carnet ?

Et bien je crois qu’en fait c’est là mon challenge. Dire stop à toutes ces exigences et attentes de la société qui imposent ce dictat du comment être au lieu du laisser être. Oser écrire spontanément ce qui me traverse, sans vouloir maîtriser quoique ce soit, car lorsque j’écris, ce n’est pas mon mental qui me guide mais mon coeur. Oser partager, c’est apprendre à sauter dans mes peurs et valider ce premier challenge de cette fin d’année. Et j’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres en 2020 !

 
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Aujourd’hui je voudrais partager ce qui m’a initialement poussé à écrire. C’est comme un coup d’envoi qui me permet de donner une nouvelle vie à ce blog. Le texte est écrit en anglais, car à l’époque j’habitais à Istanbul et arrivais directement du Brésil, alors dans cette grande tempête émotionnelle, j’avais choisi l’anglais.

“After living 4 years in Dallas, then 5 years in Rio de Janeiro, I've now been living in Istanbul for a year. 10 years living out of my original country, France. One path led to another one, and, as you can imagine, it turned out each one was radically different from another. Life offered to follow each of them, and I feel grateful for all the diversity, the challenges, the cultural and social questionnings that I had to face and experience.

Sometimes, though, I wonder where I belong to. Do we belong to the place we've grown up, where are our roots and all the memories of childhood with all the cultural and educational background that we received ? Or do we belong to the place we live in ? Living in a foreign country is not just making an interlude, an episode of life, unless there is no real commitment. Interlude and commitment are antinomic to me. Because there is one thing missing : emotion. To really be part of it, there must be sincerity, and even more than that : love. And YES ! It sounds "cliché" but it is true, love is the essence of our actions, thoughts, in short, of our life. All we need is love, we all know that ;-) That is the main thing. So I believe we belong to the place where we put our strong feelings in.

It is great, and scary at the same time. It's like getting married and then getting divorced : the best comparaison I found to explain people what it is to fall in love of a country and then having to leave it. I guess I need to find the right balance between reason and emotion...But eventually, my suitcase carried along with me so many beautiful images, tastes and smells, so many unexpected beautiful moments with unexpected people in unexpected places :) This is priceless.”

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Il y a six ans, j’ai connu ce que j’ai appelé plus haut une tempête émotionnelle car j’ai du quitter un pays qui m’était très cher. Un pays que j’ai immédiatement aimé, un pays où j‘ai su, avant même d’y avoir foulé véritablement le sol, que je l’avais adopté, ou plutôt qu’il m’avait adoptée.

A peine après avoir atterri, assise dans le taxi qui nous emmenait, Arthur les enfants et moi-même, vers notre hôtel, je me suis trouvée fascinée par cette nature qui plongeait, dévorante, dans la ville. Et lorsque mon fils de 3 ans pointa du doigt une montagne et rompit le silence qui régnait dans la voiture, ce silence d’une nouvelle vie qui s’annonçait pour nous, en prononçant “Regardez, c’est les deux frères !”, je restais scotchée.

Ebahie d’une part que mon fils connaisse le nom de cette montagne (apprise par son grand-père maternel). Et fascinée par cette montagne atypique qui laisse émerger deux grands rochers. Située au bout de la plage d’Ipanema-Leblon, on peut dire qu’ils sont omniprésents. Du moins dans ma vie, puisque j’ai eu la chance d’avoir un appartement d’où je pouvais les voir depuis la fenêtre de la cuisine.

Mon attachement à cette montagne (les Deux Frères, os “dois Irmãos” en portugais) a été très fort, pas seulement parce qu’elle est le symbole de mon arrivée au Brésil, mais aussi parce qu’il s’en dégage une présence et une énergie très fortes. Y ai-je projeté mes racines ? Puisque, après tout, c’était mon père qui avait appris l’existence de cette montagne à mon fils ? C’est une interprétation que je fais seulement maintenant, en écrivant ces lignes, car je n’ai jamais essayé de rationaliser ce sentiment jusqu’alors ; tout était du domaine du ressenti et je veux le laisser ainsi.

Quand je l’ai regardée pour la première fois de la fenêtre de ma cuisine, j’ai fais un pacte avec moi-même, celui de ne jamais me lasser de la regarder, et d’être tous les jours consciente de la chance que j’ai de l’avoir sous mes yeux tous les jours. J’ai fais le souhait que cela ne devienne jamais normal, banal, mais au contraire quelque chose d’exceptionnel, qui me nourrirait tous les jours de ma vie à Rio.

C’était il y a onze ans et je m’en rappelle comme si c’était hier. Je me souviens de cet instant comme d’un moment sacré ; presque comme un moment de recueillement. Je me disais que je devais honorer sa présence. Et je l’ai fais, jusqu’à ce que le tunnel de Rebouças, dans le taxi le jour de notre départ, le retire de mon paysage visuel.

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juliette costeComment